Archive | novembre 2015

OKLM21

Nous sommes le 30 Novembre 2015 et je vous écris en t-shirt parce qu’il fait 26°C au soleil. Les oiseaux tropicaux chantent, les piranhas remontent la Nive, tout ce que le Pays Basque compte de moustiques tigres zoom zoom zang dans sa dengue dengue dengue. Bref: le monde est bien fait, l’an prochain à la même heure je sors aussi le short.

Or, voici que les délégations olympiques catégorie corruption synchronisée de 195 pays se réunissent au Bourget pour me faire de l’ombre.

Fumiers socialisss, espèces d’États, encore à comploter pour soutirer du fric au secteur privé, et mettre leurs nez crochus dans la régulation du marché – aujourd’hui ça et, si on laisse faire, demain la justice fiscale. C’est que si le monde parvient à s’accorder sur le climat, il serait capable derrière d’harmoniser d’autres régulations. Genre l’impôt sur les sociétés. Supprimer d’abord la chaleur de décembre, puis supprimer carrément les paradisiaques paradis fiscaux.

Je jure que c’est au moins un complot des chauffagistes, alliés aux labos d’antidépresseurs.

Pour commencer, si on prend climat et que l’on change des lettres ça donne complot.

Je ne vous sent pas convaincus.

Ok, prenons « régulation » dont l’anagramme donne « triangulé », et qu’est ce qui est triangle? La pyramide Illuminati. Là il reste le « o » de « régulation » qui devient… L’œil qui voit tout, en haut de la pyramide. BIM.

Et si on prend « conférence » ça donne « cf: renoncée ». Parce que je vous rassure direct, confiants et bienveillants que vous êtes envers vos gouvernements: ça donnera que dalle.

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« Que celui qui est ici pour aboutir à des avancées concrètes à propos du climat fasse un pas en avant »

« La COP21 Késako? »

Pour commencer, « cop » ne fait pas référence à l’orgie de pouvoirs illimités dont jouissent joyeusement et sans s’en priver les flics depuis l’état d’urgence. Ce serait trop simple.

Non, cela signifie « Conference of parties ». En français « conférence des soirées ».

Sans titre

Google Translate ne saurait mentir.

La COP21, c’est un attentat sur les petits fours, une prise d’assaut sur les macarons, et qu’ils vont encore tous parler en meme temps et la bouche pleine donc leur reunion ne va servir à rien à part s’étouffer. Et Poutine aura encore mal au bidon demain le pauvre chéri, lui qui supporte si mal les sucreries.

La COP21 est également un concours dominical de bras de fer entre grands de ce monde. Ils sont tous vieux et nuls à ce sport, mais que voulez vous, vu les sourires plus ou moins crispés l’habitude persiste. Avec sa masse musculaire, Poutine gagnerait à tous les coups, d’où la présence des sucreries.

Ci dessus, la délégation cubaine qui persiste à vouloir jouer à shifoumi sous prétexte que les bras-de-fer sont une pratique réactionnaire

La délégation cubaine qui persiste à vouloir jouer à shifoumi sous prétexte que les bras-de-fer sont une pratique réactionnaire. D’où ce couac.

Non, en vrai

En vrai rien. La COP21 est déjà terminée depuis des semaines. Les militants écolos (du moins les cadres) le savent aussi, ils font pareil que les chefs d’Etats présentement: de la comm’. Mais actuellement on vous bloque Paris pour que dalle, les autochtones. Une visioconférence aurait suffit, pis c’est écologique en plus.

La COP21 c’est des mois de tractation dans l’ombre. De corrupti… De lobbyisme pardon. De tractations politiques: « je t’échange un million de tonnes de CO2 contre un porte-hélicoptère dans le Golfe Persique » ou bien « ta femme contre un paquet de chips ».

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« Ton shiny pikachu en double contre l’arrêt du financement des antinucléaires français » – « Crève »

Imaginez que vous êtes un de ces mecs (ou une femme) qui n’en a plus ou moins rien à foutre, mais se trouve malheureusement être chef d’État, avec 150 types excités autour de vous qui veulent chacun leur bout de petit-four. L’aile droite de votre parti refuse l’idée même de changement climatique; votre industrie pétrolière aussi, mais paradoxalement elle est prête à se faire payer des milliards pour de la géo-ingénierie « au cas où »; les ours blancs vous regardent d’un drôle d’air; votre électorat veut des mesures mais surtout pas que ça lui coûte; les industries idem, ET si ces mesures font vendre ce qu’elles produisent; les écolos font des cabrioles et ça vous déconcentre…

C’est le merdier.

Et là PAF on vous regroupe dans une cage avec 195 confrères. En vous intimant de ne pas en sortir avant que ce soit réglé. C’est à ce moment qu’on ajoute dans l’équation:

que votre camarade chinois rigole très fort quand vous parlez de régulation du CO2 d’après les valeurs absolues d’émissions, et sort « si on régulait plutôt les émissions par tête de pipe mmh? »;

qu l’Inde montre les dents en vous traitant de colonialiste, la bouche pleine de macarons;

que le Qatar, entre deux virements à Daech, joue le dealer en vous traitant d’accro au pétrole avant de vous refourguer une dose;

que l’Australie, premier émetteur par habitants, tente d’étrangler la Chine;

que la France pavoise en mode « cémoi que j’organise je m’en fous et puis j’ai fait l’effort du nucléaire » histoire de ne plus rien branler de nouveau;

etc etc…

Ça au dû arriver une fois, qu’une conférence internationale se passe comme ça. Genre en 1815. Depuis les types ont compris l’erreur.

Alors une semaine avant on prépare les héros de l’ombre, les sherpas, ces sous-fifres à 330 de QI qui ont débarqué au Bourget la veille et passé 26h sans pisser pour vous pondre la feuille que vous n’aurez qu’à signer.

Souriez.

Photo.

Et à dans quelques mois pour un nouveau round.

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Le saviez vous? Le web est une putain de volière à camés

Internet et les applications téléchargeables sont des outils compulsifs, voir addictifs. Doivent-ils être régulés comme la drogue ou les casinos?

En ligne, je me sens comme un pigeon de Skinner. Ces pigeons passaient les plus belles heures de leur vie à becquer obsessivement des bouts de plexiglas. Aidant ainsi B.F.Skinner, un psychologue de Harvard, à cartographier des principes comportementaux qui s’appliquent avec une inquiétante précision au design digital du XXIème siècle.

Skinner entrainait les oiseaux à recevoir de la nourriture en tapant le plexiglas. Dans certains scénarios, les pigeons obtenaient de la nourriture à chaque coup de bec. Dans d’autres, un temps était fixé entre chaque rétribution, disons 60 secondes. Une fois ce temps passé, si l’oiseau tapait il recevait sa graine. Si les piafs n’ont jamais vraiment maîtrisé le timing, ils s’en approchaient.

D’autres fois l’intervalle était aléatoire. Une minute, puis 5 secondes, puis 200… Dans ces circonstances, les oiseaux pétaient purement et simplement une durite. Un pigeon tapa 2.5 fois par secondes pendant 16 heures. Un autre 87 000 fois en 14 heures, avec comme résultat 1% de réussite.

Dans les mêmes conditions de rétribution incertaine, certaines poules sont, elles, capables d'atteindre 300 twerks/minute

Dans les mêmes conditions de rétribution incertaine, certaines poules sont, elles, capables d’atteindre 300 twerks/minute

De la folie en milieu aviaire

Voici donc une simple illustration de la manière dont les recherches de Skinner s’appliquent à la vie contemporaine.

Exemple hypothétique: nommons le W.Béhairsais, rédacteur. Envoyer et recevoir des mails est une part importante de son travail. En moyenne un tous les trois-quart d’heure. Parfois l’intervalle est de deux minutes. D’autres fois quatre heures. La plupart de ces mails sont à l’importance ce que Patrick Sebastien est à la géopolitique, d’autres sont marrants. Bientôt, dès qu’une connexion internet se présente, W.Béhairsais se met à checker ses mails toutes les 30 minutes. Puis toutes les 10. Puis toutes les deux minutes. Tapant tel un volatile sur son plexiglas.

Doit on l’en blâmer? On pourrais. Il a peu de self control et a choisi une activité dans laquelle la communication est importante.

Donc, de même, doit on blâmer les pigeons? Qui est le responsable: eux, ou Skinner qui a construit l’expérimentation?

Du milieu aviaire en folie

Décrire internet comme une distraction en 2015 est une pure platitude. On parle couramment de la vie digitale comme d’une addiction. Dans une conversation, facebook se décrit avec les mêmes termes que la méthamphétamine ou des machines à sous.

La possibilité d’une addiction à internet est discutée depuis 1996, c’est à dire 3 ans après l’invention du premier moteur de recherche. Mais il n’existe aucun consensus sur comment détecter – diagnostiquer – cette addiction, ni sur sa véracité. Les estimations de sa prévalence varient grandement, de zéro à « pardon on en est où, cet article est ouvert parmis 12 onglets » (pensez à masquer votre webcam, je vous vois).

"J'ouvre des onglets si je veux!"

« J’ouvre des onglets si je veux! »

Contrairement à l’héroïne, internet ne tue pas (encore), et a une utilité réelle. De plus il est compliqué de séparer le médium (internet) et son utilisation addictive (pornographie, au hasard. Sérieux couvrez votre webcam je suis encore plus gêné que vous là).

Dans tous les cas, les diagnostiques tendent vers l’extrême. Mais pour des millions de personnes internet est une compulsion. Blâmer l’outil ne fais pas plus de sens que blâmer l’utilisateur.

Les géants d’internet ont les meilleurs statisticiens et chercheurs en neuromarketing, dont le travail est d’abolir votre volonté

L’utilisateur? Ouais, il n’a aucun self control. Encore la faute à la société. Mais de l’autre côté de nombreux sites et outils numériques sont conçus spécifiquement pour créer des comportements addictifs.

Une poignée de firmes détermine désormais la gueule de votre internet de tous les jours. La plupart gagnent leur argent sur le même produit, et ce produit c’est vous et moi. Elles misent leur futur sur l’attention qu’elles peuvent recevoir de vous, et comment transformer celle ci en habitude.

Et c’est un partisan du « designe éthique », Tristan Harris de chez google, qui le dit: « autant l’utilisateur doit exercer sa volonté, sa responsabilité, autant il faut prendre en compte l’autre face de la pièce:  les géants d’internet ont 100 des meilleurs statisticiens et chercheurs en neuromarketing au niveau mondial, dont le travail est d’abolir votre volonté. »

Bref, le combat est inégal.

Edward Bernays Strikes Back

Témoignage de cette étrange relation entre la Silicon Valley et la méthamphétamine, « Hooked » (2014) , expliquant comment transformer un produit en habitude, s’est vendu comme un bestseller pour apprendre à créer le besoin compulsif. Nir Eyal, son auteur, consultant pour des start-ups, aide ses clients à copier ce qu’il nomme « les propriétés narcotiques » de sites comme Facebook ou Pinterest. Son but, tel qu’il le raconte au Business Insider, est d’arrimer les utilisateurs « dans un cercle basique. Pour toujours ».

Et ce via un modèle simple en quatre étapes. Prenez le fil d’actualité de Facebook:

  1. Vous rencontrez un déclencheur (ce qui vous incite à descendre le fil)
  2.  Et une opportunité d’action (vous descendez effectivement le fil). Normalement la conséquence est imprévisible: vous pouvez tomber sur une super vidéo de chat, ou le post fascinant du repas d’une de vos connaissances. En fait c’est…
  3. Une récompense variable. Qui vous encouragera en cas de déception à remettre une pièce dans la machine.
  4. Enfin, vous avez l’opportunité de faire un investissement. Ici, liker. Ou laisser un commentaire. L’investissement s’accroit cumulativement dans le temps, jusqu’à ce que l’utilisateur se sente de plus en plus investi [cette belle lapalissade est pas de moi, moi je traduis. Je la garde parce que cette belle lapalissade est belle] dans ce cycle déclencheur-action-récompense-investissement.

Si ça vous rappelle encore une fois les pigeons, c’est parce que ce modèle est issu directement des expériences de Skinner. Comme pour eux, une récompense incertaine peut mener à un comportement obsessif.

De même les casinos ont toujours utilisé cette technique. Skinner lui même leur apporta du grain à moudre en déterminant que le meilleur jeu rapide à récompense variable est la machine à sous. L’histoire ne nous dit pas si un des pigeons a gagné un gros lot de graines.

D'ailleurs à ce stade quand j'écris pigeon je ne sais plus bien de quelle espèce je parle.

D’ailleurs à ce stade quand j’écris pigeon je ne sais plus bien de quelle espèce je parle.

Un peu d’anthropologie

Natasha Schüll est anthropologue à l’université de New York. Auteur de « Addiction by design » (2012) sur l’ethnographie des parieurs à Las Vegas.

On s’attend à ce que les parieurs aient en tête de gagner. Mais selon Schüll, un parieur compulsif est plutôt à la recherche d’un sorte de transe, qu’elle nomme « the machine zone ». Dans celle ci se loge l’éternité:

Le temps, l’espace, et l’identité sociale sont suspendus au profit de la mécanique d’un processus répétitif »

Il existe une différence tout de même, entre une machine à sous et internet: plus le temps s’écoule plus vous perdrez d’argent. Dans le cas d’internet plus le temps s’écoule et plus vous faites GAGNER d’argent.

Dans le monde des casinos, l’usage est de blâmer les parieurs. La vaste majorité de la littérature à ce sujet se concentre sur le parieur lui même. Or cette interaction si particulière entre l’Homme et la machine est le fruit d’une ingénierie. Et il est relativement connu que si les salles de machines à sous (au moins celles de Las Vegas) n’ont pas de fenêtres ni d’horloges, ce n’est pas par hasard.

Et pourtant on ne blâme que les gens.

Rencontre avec Nir Eyal

.. Lequel est le plus grand critique de son propre ouvrage. Il se fait consultant pour des fournisseurs de médicaments, appliquant les tactiques de Hooked’s à des outils numériques destinés à rappeler aux gens de prendre leur traitement à temps. Il affirme refuser de conseiller des sites pornographiques ou des sites de paris en ligne. Selon lui le but du livre est d’inspirer des produits « qui peuvent aider les gens à vivre plus heureux, en meilleure santé, mieux connectés ». Ajoutant:

On ne peut pas vendre quelque chose si les gens n’en veulent pas. Ce que j’enseigne c’est la persuation, pas la coercition

Ce que Natasha Scüll en pense de son côté, beatnik qu’elle est:

l’industrie cherche à tromper activement les parieurs, et parfois fait mine de s’en inquiéter. D’autres fois elle défend ces tactiques en insistant « satisfaire une demande »

Or prétendre ne faire que satisfaire une demande est un cache-sexe qui balaie opportunément la complexité du libre arbitre, comme évoqué dans cet autre article.

De plus il existe une différence entre ce que l’on demande et ce que l’on obtient. Il y a une différence claire entre vouloir aller sur facebook 5 minutes et se retrouver 5 heures plus tard à baver devant Buzzfeed ou Topito.

« Captologie »

Dans un des premiers papiers sur la « captologie » – le procédé d’utiliser le numérique pour modifier le comportement des gens – le psychologue B.J.Fogg, qui a enseigné à de nombreux leaders de la Silicon Valley, incluait un code d’éthique. Il écrivait en 1998,pendant que vous fêtiez innocemment la coupe du monde sans vous douter du complot à venir:

« Les influenceurs high-tech feraient mieux de baser leur design sur des standards éthiques défendables »

Pas exactement un appel ferme à la rigueur. On croirait Nestlé causant d’huile de palme.

Usine Twix gauche; usine Twix droit. Putain leur pub ment pas en fait

Usine Twix gauche; usine Twix droit. Putain leur pub ment pas en fait

Imaginez l’internet comme une librairie infinie. A chaque lien, chaque clic, vous entrez dans un nouveau rayon.

Si vous voulez faire de l’argent, il suffit de bien vendre ce qu’il y a dans le rayon. De l’excellent journalisme, un jeu, une recette, un service ou un bien réel…

Au fil du temps, au lieu de faire du fric avec le contenu de la salle, vous instaurez des péages. Monétisez la porte, en y apposant un capteur (un cookie). Chaque personne passant la porte se voit proposer une pub. Immédiatement, des petits malins vont mettre des portes partout. Mention spéciales à ces sites où il faut cliquer après chaque image d’une liste pour passer à la suivante; et prix Goncourt à « 19 chatons mignons. Vous ne croirez jamais le 12! ». Vous pouvez aussi faire des rayons vides, pour créer du passage.

Les mêmes « journalistes » vont vous parler de l’ère du zapping, où 38% des lecteurs ne lisent pas l’article, et seulement 25% de ceux qui le lisent iront jusqu’au bout. Coucou les gars: c’est votre business model et vous l’avez voulu ainsi, oui, vous, pas le lecteur.

Au bout d’un moment faire de beaux rayons n’est même plus une stratégie viable: il faut faire de la merde et maintenir le cliqueur en mouvement.

La réaction

Des technologies se sont créées en réaction. Telle application qui vous interdit l’accès à internet après un temps fixé par vous, Freedom qui supprime l’accès à certains sites selon le menu choisi (travail, loisir…), Saent qui vise à réduire la distraction. Ainsi que Time Well Spent, une communauté bossant sur un design éthique.

On peut comparer ces idées au mouvement pour la nourriture bio (on y retrouve d’ailleurs souvent les mêmes coiffures). Internet est vu comme la nourriture industrielle.

"Toi aussi, deviens un rebelle ultime"

« Toi aussi, deviens un rebelle moderne grâce aux sous de papa-maman »

Ce qui est inquiétant. Car comme pour le bio, ce n’est pas une « éthique » universaliste qui se discerne mais simplement un nouveau marché, marché de niche, et inaccessible au plus grand nombre. Par et pour la bourgeoisie culturelle.

Le point qui devrait être clair est le suivant: si la situation est aussi toxique, et que vous n’avez pas la naïveté de penser que l’industrie va se réguler d’elle même, que vous avez passé le stade irrationnel de blâmer l’utilisateur… Il reste une seule option logique: réguler l’industrie.

Vers une régulation active?

Le mot fait frémir, dans le milieu (plus très) libertarien d’internet. Cependant de même qu’il existe la régulation liberticide que l’on connait bien, il est aussi possible d’établir une régulation qui étende les choix de l’utilisateur.

La tâche ne serait pas simple. Et le marché de la drogue fournit une bonne analogie: à chaque interdiction efficace de substance, une nouvelle apparait, et passe subtilement au travers des filets de la régulation. Cependant la seule existence d’une régulation envois déjà un message.

Trois choses sont immédiatement faisables:

  • Requérir des des médias sociaux, des fabriquants de smartphones… Qu’ils offrent un « tableau de bord » de la distraction. Permettant de désactiver temporairement les jeux, mettre l’appareil en mode « travail » ou « loisir »… Également requérir des boites mails que l’utilisateur puisse décider du nombre et des heures de livraisons de ses mails dans la journée.

Bannir également le « scroll infini » (twitter, facebook…) qui est l’outil le plus pernicieux. Au minimum offrir à l’utilisateur la possibilité de le désactiver

  • La possibilité de repérer les utilisateurs montrant des comportements addictifs sévères. Des sites comme facebook savent probablement déjà où commence ce comportement et qui en est victime.

Et enfin:

  • Permettre un feedback. Un outil pour que l’utilisateur puisse voir combien de temps il a passé sur le site, combien de fois par jour… Et pourquoi pas permettre à l’utilisateur de fixer à l’avance la limite qu’il souhaite

Établir un équilibre des pouvoirs

Supprimer le scroll infini, c’est se retrouver tôt ou tard en bas de la page. A cette seconde, ce n’est plus le site qui est maitre mais l’utilisateur.

De manière générale, sans même penser à une régulation dure, il s’agit de rétablir un équilibre des pouvoirs. Comme c’est le cas dans n’importe quel autre domaine commercial, ou dans n’importe quel contrat.

A moins de vouloir continuer à taper comme les pigeons de Skinner, ça vaut le coup de prêter un peu d’attention aux termes du contrat.

Cet article est une traduction (très) libre de « User Behaviour: Websites and apps are designed for compulsion, even addiction. Should the net be regulated like drugs or casinos?  » – de Michael Schulson, trouvable en langue originale sur ce site d’une extrême qualité.

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Le terrorisme est-il efficace?

Un peu après midi, une explosion secoua un hôtel réputé du centre de Jérusalem. Sept bombes placées au sous-sol firent s’effondrer les six étages au dessus, dans un tas massif de verre brisé, maçonneries cassées, et corps écrasés. Le carnage fut épouvantable: 91 morts et des dizaines de blessés.

Les leaders politiques condamnèrent l’attaque dans des termes familiers – un « acte insensé de terrorisme – en promettant que cette tragédie ne ferait que renforcer la résolution du gouvernement à défaire un « ennemi traître et vil ». Il ne plierai pas aux volontés des terroristes, ni n’accédera à leurs demandes outrageantes. Cette violence est simplement insensée.

l'attentat sur l’hôtel David King, en 1946, perpétré par des extrémistes juifs de l'Irgoun. Preuve que 1) le discours politique prend franchement la poussière 2) non, amis Israëliens, les musulmans ne sont pas seuls à faire péter des bombes: vous avez gagné comme ça

l’attentat sur l’hôtel David King, en 1946, perpétré par des extrémistes juifs de l’Irgoun. Preuve que 1) le discours politique prend franchement la poussière 2) non, amis Israéliens, les musulmans ne sont pas seuls à faire péter des bombes: vous même avez gagné comme ça

Des réactions de défi similaires à propos de la futilité du terrorisme comme arme politique sont entendues depuis longtemps suite à des attentats. « Les terroristes ne peuvent jamais gagner directement », déclarait confiant le premier ministre de Rhodésie, Ian Smith, en 1977. Suite à l’attentat suicide au camion piégé de 1983 qui tua 241 Marines américains au Liban, Ronald Reagan proclamait que « la chose principale » est de montrer que le terrorisme « ne marche pas… [et] prouver que les actes terroristes ne nous feront pas dévier ». Margaret Thatcher décrivait la tentative d’assassinat de l’IRA (Irish Republican Army) contre elle à la conférence du parti conservateur à Brighton en 1984 comme illustrant non seulement un échec, mais une stratégie fondamentalement futile. Et, en Juillet 2006, le premier ministre Israélien Ehud Olmert promettait que le gouvernement « ne cédera pas au chantage et ne négociera pas avec les terroristes ».

Pourtant la Rhodésie est maintenant le Zimbabwe; les Marines ont rapidement quitté le Liban; Martin McGuinness – un ancien membre de l’IRA – est premier ministre de l’irlande du Nord depuis 2007; et cette même année Olmert acceptait de négocier avec le Hezbollah pour libérer 5 terroristes en échange des corps de deux sergents Israéliens kidnappés.

La domination de la politique Libanaise par le Hezbollah, et le rôle significatif qu’il a exercé auprès du gouvernement, incluant un pouvoir de véto efficace dans le gouvernement d’unité post-2008, affaiblissent l’argument selon lequel la stratégie terroriste est futile. En effet, ni le Sinn Féin (la branche politique légale de l’IRA), ni le Hezbollah, n’auraient pû un jour acquérir leur statut et leur influence actuels sans leurs antécédents terroristes.

Quand à l’attentat sur l’hôtel King David de Jérusalem en 1946, qui tua 91 personnes assises en train de manger un jour d’été? Le cerveau en était Menachem Begin, futur premier ministre d’Israël et futur Prix Nobel de la Paix.

Tu disais pas ça du temps où tu étais un violent terroriste, Madiba. Tiens, du coup, un message: méfiez vous des Prix Nobels de la paix. C'est souvent d'ex fous furieux, un truc assez courant chez les idéalistes

Tu disais pas ça du temps où tu étais un violent terroriste, Madiba.
Tiens, du coup, un message: méfiez vous des Prix Nobel de la paix. C’est assez souvent d’ex fous furieux, un parcours courant chez les idéalistes

Contrairement à l’État Islamique autoproclamé, les terroristes juifs dans la Palestine des années 40 ne visaient pas les civils délibérément. Il faut noter que le luxueux hôtel King David servait de quartier général aux autorités Britanniques de Palestine, avec quatre étages de bureaux gouvernementaux, militaires, et des services secrets.

Ainsi, en tant que symbole d’une force d’occupation, il était une cible irrésistible pour Begin et ses soutiens. Sa destruction, pensaient-ils, attirerait l’attention du monde sur le combat nationalisme juif et sur le refus des Britanniques d’accorder un État juif indépendant.

Et ils avaient raison.

La création d’Israël, deux ans plus tard, fut bien entendu le produit de nombreuses et puissantes forces: diplomatie, lobbyisme, négociation, désobéissance civile, propagande. Mais le succès de Begin à saper les fondations de l’autorité Britannique, l’amenant à se retirer de Palestine, montre que malgré ce que les gouvernements en disent le terrorisme peut – dans de bonnes conditions et avec des tactiques adaptées – parvenir à promouvoir un agenda politique.

Ainsi, alors que les gouvernements qualifient le terrorisme d’inefficace, les terroristes eux ont une foi constante dans leur violence, et pour de bonnes raisons. L’intransigeance terroriste est également due à leur capacité à apprendre les uns des autres. Le terrorisme est un commerce comme un autre, et il s’apprend des anciens.

"on a appris des américains qu'il suffit de planter un panneau pour avoir un droit de propriété sur la Plaine. Il est malin Satan n'empêche"

« on a appris des américains qu’il suffit de planter un panneau pour avoir un droit de propriété sur la Plaine. Il est malin Satan n’empêche »

Le groupe de Begin, par exemple, s’était consciencieusement modelé sur l’IRA, en étudiant la guerre civile qui résulta de l’indépendance irlandaise en 1922. Moins de dix ans plus tard, la guérilla anti-Britannique à Chypre adoptait une stratégie similaire et obtenait l’indépendance en 1960. De même les nationalistes Algériens  combattant la France appliquèrent la même stratégie.

Des mouvements d’idéologies aussi diverses que le Fatah de Yasser Arafat, le Congrès National Africain en Afrique du sud (Mandela), les Tigres Tamouls du Sri Lanka, ont cités le combat pour l’indépendance algérienne comme ayant eu une influence majeure sur les stratégies et leurs tactiques ultérieures.

L’Irgun de Menachem Begin fut également le premier groupe terroriste post- seconde guerre mondiale à utiliser de spéctaculaires actes de violence afin d’attirer l’attention internationale. Longtemps avant l’info en continu, l’Irgun recherchait une audience mondiale, au delà de leur région et même au delà de la métropole de l’occupant.

les attaques sur Paris représentent une tempête calculée des tactiques les plus sanguinaires, pour la première fois lancées en combinaison dans un grand centre urbain surpeuplé

Les fondations étaient alors posées dans les années 40 et 50 pour la transformation du terrorisme, d’un phénomène localisé à un problème de sécurité globale tel que nous le connaissons aujourd’hui. Et nous devons pour cela remercier cette impressionnante capacité des terroristes à apprendre les uns des autres.  Durant l’invasion de l’Afghanistan en 2001, les troupes américaines tombèrent sur une bibliothèque d’Al Qaida bien fournie: et sur les étagères se trouvait entre autres le livre de Begin, « La révolte » (1951). Comme tout leader efficace, Ben Laden voulait apprendre des luttes précédentes contre des puissances occupantes.

Et depuis le week-end dernier, nous savons que malheureusement que Daech a également appris de ses prédécesseurs. Cette attaque combinait des éléments du siège de 2002 dans un théatre moscovite par des terroristes Tchétchènes; de l’attaque-suicide dans les transports londoniens en 2005; et le cocktail simultané de fusillades, bombes, incendie criminel, et prise d’otages de Bombay en 2008. Ainsi, les attaques sur Paris représentent une tempête calculée des tactiques les plus sanguinaires, pour la première fois lancées en combinaison dans un grand centre urbain surpeuplé.

Cet article est une traduction de « ISIS has studied the past successes of terrorism all too well » – de Bruce Hoffman (directeur du Georgetown University’s Center for Security Studies et membre de l’ Us Military Academy’s Combating Terrorism Center), trouvable en langue originale sur ce site d’une extrême qualité.

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  • D’après vous, le terrorisme est il efficace? Le terrorisme peut il permettre à Daech d’atteindre ses objectifs de long terme, au rang desquels la création d’un califat Islamique?

Le Moyen-Orient expliqué à une poule de Patagonie

J’ai trouvé ça extraordinaire. Au milieu de la guerre la plus imbécile qui soit, dans une zone désolée, il y avait ce vieux qui passait les Stones à ses poules. On ne parle jamais de ça, de la vie qui pointe même dans la pire horreur. Qui se révèle toujours plus forte que l’on ne croit.

Une anecdote vraie, narrée par Edmond Baudouin. C’était pendant la guerre du Liban (en 1987) que le pauvre vieux, qui n’avait pas demandé à se retrouver en pleine zone de guerre, trouva un moyen non dénué de classe pour faire pondre ses poules. Parce que le bruit des explosions intermittentes les stressait horriblement – allez savoir pourquoi – il s’était emparé du seul enregistrement à sa disposition (Satisfaction) pour leur passer du vacarme en continu et les calmer.

De nos jours le Liban est moyennement en paix. Ça dépend des jours, de l’humeur de chacun et de celle du voisinage. Et un vieux génial assaisonnant ses gallinacées de rock occidental à 300km de là risquerait l’exécution sommaire par des gens en noir qui n’aiment rien d’autre qu’Allah, et encore ça dépend si on y croit bien comme eux disent.

Alors qu'ici on a encore le droit de penser, d'écrire, et dessiner ce qu'on veut. Même avec non pas un mais trois monothéismes qui s'en plaignent.

Alors qu’ici on a encore le droit de penser, d’écrire, et dessiner ce qu’on veut. Même avec non pas un mais trois monothéismes qui s’en plaignent.

Pourquoi, pensez vous. Certains ont des réponses simples. En tant que personne saine d’esprit je vais me contenter d’explications, à la mesure de ma pensée et de mes connaissances.

D’ailleurs, plus encore, je compte bien progressivement ne plus penser du tout. C’est une activité où le fantasque se mesure au cuistre et penser n’apporte que le vice et les ennuis.

Un peu Pas beaucoup d’Histoire

Parce que cette partie là, basiquement tout est dans les liens si vous cultiver vous intéresse.

Bla Babylone blabla Phéniciens blabla Perses, tout ça tout ça, pouët Islam, croisades, blabla Khan, Ottomans… Non, attendez. Les croisades puis surtout la destruction de Bagdad par les hordes Mongoles en 1258 (qu’est ce que je me souviens mieux des dates quand j’écris sur internet, c’est fou) portent un coup d’arrêt à l’âge d’or Islamique.

Pire encore, un de ces fumiers de Portugais finit en 1488 par trouver les Indes (tout le monde dit toujours comme ça, genre l’Inde jouait à cache-cache, je sais pas) sans passer par la case bakchich, puis un autre se goure carrément de continent cinq ans plus tard. C’est la fin des haricots: le Moyen-Orient, carrefour de l’Eurasie, ne sert plus à rien vu qu’océan oblige il n’y a plus besoin de routes.

C'était au tour des Européens de faire les malins pour les 6 siècles à venir

C’était au tour des Européens de faire les malins pour les 6 siècles à venir

Histoire moderne: le Moyen-Orient, Deluxe edition

Jusqu’au jour où…

Ah, non il ne se passe toujours rien. Le moyen-orient est un jouet marrant, si on envahis ici ça fait pouët, si on tire là ça déclenche une guerre avec le Tsar. Les intérêts sont réels, mais indirets, et force est de constater que même le titre officiel ne dépasse pas celui de « Grand Jeu« . Bref le Moyen-orient est un passe temps Anglo-Russe. Et les populations locales dans tout ça?

« Les quoi..? Est ce que ça sait tenir un fusil et suivre des ordres? » – à peu près chaque colonisateur qui s’est pointé

Voilà. Quand vous avez affaire à un troll il vous parlera croisades pour justifier le Jihad. Quand vous parlez avec un vrai qui sait ce qu’il raconte, la liste kilométrique des griefs justifiés contre l’occident commence quelque part par là. Entre 150 ans de grabuge et deux tours des années 70 détruites, je vous laisse deviner qui a des raisons d’être en colère à la base. On devrait même être content qu’ils soient si peu en colère. C’est que, malin comme un singe albinos, l’occidental a inventé les conventions internationales et la notion de « village global » où tout le monde est frère APRÈS avoir bien profité. Chance, ça marche. Note: dans le même registre on lance la lutte pour l’écologie après que NOUS ayons bien pollué. Et dans les deux cas c’est eux les méchants et nous les gentils colons pédagogues.

Mais je digresse. Il se passe vraiment un truc, là.

« Archibald, posez votre tasse de thé, dear. Il me semble que quelque chose pousse chez ses sauvages. »

Le vingtième siècle rayon pétrolier est relativement bien connu par tous. Les anglais et les français se chamaillent la zone discrétos, les allemands moins discrétos et à deux reprises tellement le pétrole c’est la vie, puis les russes et les américains se chamaillent de loin mais en ajoutant de l’idéologie pour que ça reste drôle.

Tout ce beau monde payant évidemment sur place des soutiens. La sélection des soutiens les plus efficaces – c’est à dire violents – et moins cher à payer (parce qu’ils ont besoin de moins d’incitation pour haïr les autres, c’est à dire les extrémistes) conduira par exemples les Américains à soutenir divers religieux pour contrer la menace Rouge. Disons, exemple, les Frères Musulmans (dans l’Egypte de Nasser), Ben Laden (contre les russes en Afghanistan), ou les divers lapidateurs médievaux qui ont eu la simplicité d’être déja de base assis sur le pétrole.

Attention, c’est à ce point de l’article qu’on touche au complexe. Jusqu’ici je caricature gaiement par soucis de simplicité narrative, là stop.

Parce que, toujours dans l’exemple des États-Unis, il y a aussi des religieux qu’ils n’aiment pas déjà à l’époque. Et qui ont l’outrecuidance de bouter de son trône un mec au nom de lolcat dans un pays allié. Les Iraniens, donc.

De plus, ne l’oubliez pas, les juifs sont revenus chez eux et depuis ça dépoussière sec les meubles.

J’ai précisé que les anglais et les français étaient parti quelques décennies plus tôt en léguant des frontières ahurissantes dessinées sur un coin de table entre deux pauses pipi? Encore mieux: ce sont encore pour l’essentiel les frontières actuelles, au hasard, de la Syrie.

Qu’en plus de ces raisons idéologiques, religieuses, ethniques, dynastiques, qu’en plus du fait que tout le reste du monde vient régulièrement toucher à tout, la région se désertifie grave depuis maintenant 6000 ans avec tous les problèmes et les tensions que ça implique? (ce blockbuster sera bientôt également en salles chez vous, soyez prêts)

Le moyen-Orient: un How To

Si on veux simplifier la synthèse du bref résumé de la situation, ça donne ça.

Si on veux simplifier la synthèse du bref résumé de la situation, ça donne ça. « Un plan facile du Moyen Orient *passible de changer à tout moment » – The Economist

Un peu plus dur, car moins graphique: le résumé par K.N Al-Sabah dans une lettre magistrale à un journal Britannique.

Monsieur, l’Iran soutient Assad. Les Etats du Golfe sont contre Assad. Assad est contre les frères musulmans. Les frères musulmans ainsi qu’Obama sont contre le général Al Sisi (dirigeant actuel de l’Egypte). Mais les Etats du Golfe sont pro-Sisi. Donc contre les frères musulmans. L’iran est pro-Hamas mais le Hamas soutient les frères musulmans. Obama soutient ces derniers alors que le Hamas considère les Etats Unis comme le Grand Satan. Les Etats du Golfe sont pro-US. Mais la Turquie est avec eux contre Assad. Cependant la Turquie est pour les frères musulmans contre le général Sisi. Et Sisi est appuyé par les Etats du Golfe. Bienvenue au Moyen-Orient, passez une agréable journée.

Tout est donc désormais clair. Examinons, en dehors du théâtre Syrien, la situation.

Note: preuve que les choses sont simples, quand je dis « Etats-Unis » vous pouvez compter les dépendances de l’Empire dans le lot (Royaume-Uni, France…) sauf si mention contraire

Les Etats Unis sont contre Al Qaeda, alors qu’Al Qaeda soutient les rebelles Syriens (eh oui, surprise). Ces derniers se font bombarder par la Russie qui soutient Assad, et l’Iran, avec lequel les Etats Unis tentent une relation plus cordiale pour pouvoir tenir l’Irak. Même si l’Iran soutient Assad. De plus les Etats-Unis et la Russie ne peuvent pas se piffrer dernièrement.

Les Etats Unis soutiennent le Qatar qui soutient donc le Hamas vu qu’il est ennemi juré des Etats-Unis. Ce dernier veut la mort du Petit Satan, Israel, fils du Grand Satan, à savoir l’allié de son allié Qatari.

Devinez quoi. Le Hamas est un chaleureux soutien de nos rebelles Syriens à nous. Ennemis de l’iran parce qu’il soutient les Chiites Libanais. Lesquels soutiennent Assad… putain eux au moins restent clair, dommage que personne ne les connait.

Assad est l’ennemi de la Turquie, laquelle soutient les rebelles Syriens mais pas les Kurdes. Alors que tous les autres membres de l’OTAN soutiennent les Kurdes et défendent à coup de bombardements leurs positions face aux attaques de l’Etat Islamique. La Turquie, elle, bombarde les Kurdes et n’essaye même pas de s’inventer des excuses.

L’Europe en comparaison, c'était simple comme du coloriage

L’Europe en comparaison, c’était simple comme du coloriage

Al Qaeda ou ce qu’il en reste est ennemi des Etats du Golfe et, comme nous, d’Assad. Et tout le monde s’en fout.

Israël soutient les rebelles Syriens et veut la mort d’Assad. Tout le monde les déteste sauf les Etats-Unis. Encore une fois, il existe des protagonistes capables de rester clair damnit.

L’Etat islamique n’aime personne, surtout pas Al Qaeda. Mais reçoit des fonds et des armes d’origines douteuses, trafique du pétrole avec Assad… En attendant bien sûr de tous les décapiter.

La Turquie déteste Sisi et soutient donc les frères musulmans Egyptiens. Le reste de l’OTAN se sait vraiment pas quoi foutre des deux, tant qu’ils ne nous pètent pas une nouvelle révolution tout va bien.

Sisi est haï du Qatar et soutient donc le Hamas qui est soutenu par le Qatar. Suivez bien.

La France (coucou) soutient encore très vaguement la Palestine, contre l’avis de tout le monde d’autant que les soutiens de la Palestine détestent la France. Alors bon.

Et les populations locales dans tout ça?

« Les quoi..? Est ce que ça sait tenir une roquette et suivre des ordres? »

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Keep Calm and Carry On

Au lendemain de la série d’attentats qui ont frappé Paris en plein cœur, l’agitation est palpable. Facebook envahi de drapeaux français, mais aussi de « oui mais » parce qu’il faut bien trouver un moyen de se démarquer; les médias bruissent, le monde soutient, les politiques se raclent la gorge.

En toute honnêteté j’ai hésité à écrire ce billet. Surtout si tôt. L’analyse c’est comme les vannes, il y a quelque chose d’indécent à entamer alors même que le pronostic de nombreux blessés est encore incertain.

Seulement, les cons osent tout et c’est à ça qu’on les débusque lors de la chasse. Tout le monde n’était pas même au courant que j’en dégottais déjà un sous un buisson en train d’accabler le gouvernement socialisse. Alors que le camp adverse est bien entendu celui de l’intelligence stratégique et de l’analyse profonde, un exemple dans l’image ci dessous. De même, au lendemain du carnage, les identitaires se sont levé tôt pour profiter du beau temps.

Alors si la guerre des mots est déjà entamée, le camp de la raison a intérêt à vite réagir. Tant pis si cela doit se faire à chaud.

virer Morano était décidément une saine décision. Parce qu'on est jamais mieux servi que par les siens

virer Morano était décidément une saine décision. Parce qu’on est jamais mieux servi que par les siens, sérieux

Où l’on parle de guerre et de bruits de guerre

« Bien entendu, nous n’allons rien changer à ce que nous sommes. »

Une déclaration qui se démarque par son intelligence. La meilleure réponse possible à la barbarie étant « cause toujours, tu m’intéresse ». Que la démocratie est plus solide qu’une ceinture d’explosif. Repensez à cette phrase, « Keep Calm and Carry On ». Elle a un sens, figurez vous. Elle était le slogan des Londoniens sous le blitz nazi en 1941. Quand l’ennemi cherche à vous terroriser, la réponse logique est de lui démontrer avec une calme détermination que ça vous en touche une sans faire bouger l’autre, histoire de traduire à la sauce française, section Chirac.

C'est peut être parce que c'était lui le patron quand j'étais gosse, mais bordel, horreur, ça y est Chirac me manque

C’est peut être parce que c’était lui le patron quand j’étais gosse, mais bordel, horreur, ça y est Chirac me manque. Lui au moins se trainait ses 17 affaires politico-financières au cul avec panache.

Dommage que cette déclaration magistrale donc, – nous n’allons rien changer à ce que nous sommes – ait été faite en 2011 au lendemain de la tuerie d’Utoya en Norvège, par le premier ministre Norvégien, et pas chez nous. Non, cette nuit et aujourd’hui, en France, médias et politiques confondus, on a eu droit au degrés zéro de la pensée. Inventaire de choses entendues:

« Guerre. Peur. C’est la guerre. Peur. Conflit urbain. Peur. Nous riposterons. Ne pas céder à la peur. Peur »

Fermons les frontières, et puis pourquoi pas monter encore vigipirate (prochaine fois faudra encore inventer un degré d’alerte supplémentaire) et déclarer l’état d’urgence? Je suis pour ces mesures. Mais il y a l’omelette et il y a la manière de la faire: jeter au hasard les oeufs contre les murs n’est pas nécessairement une manière de cuisiner ça sérieusement. Créer et renforcer un état d’ugence permanent, cela revient à aboyer dans le vide. Parvenu dans cette impasse, il reste deux solutions: 1) avoir l’air con 2) pousser plus loin et dépasser les bornes. Et on imagine jamais assez ce que des gouvernements sont prêts à guer – … à faire pour ne pas a voir l’air con.

En soi, c’est exactement ce que ces pauvres schtroumphs barbus veulent. Exciter la fourmilière.

« Dans la barbe de Jihad Malkovitch »

Il faut comprendre une chose sur les poilus du désert: ce sont de grands idéalistes. Pour le dire plus clairement, les mecs rêvent éveillés. Leur objectif stratégique primaire est d’établir des sanctuaires, puis marquer l’essai en montant un Califat. L’objectif stratégique corolaire est de déclencher un conflit ouvert entre ledit califat et… Tout le monde.

Jusque là j’ai les zygomatiques qui frémissent, mais, allez, ça va encore. Dans les faits cela se traduit par une politique de déstabilisation locale (au Moyen-Orient) pour monter leur business, et par une politique de provocation envers leurs ennemis extérieurs: attentats, enlèvements, tir au pigeon. Il faut distinguer « provocation » et « agression »: une agression c’est 3 divisions de Panzers qui percent à travers les Ardennes un beau jour de Mai; une provocation c’est quand on vous lance un caillou en gueulant « vas y p’tite bite, riposte pour voir ».

Et jusque là, donc, ça a superbement fonctionné, depuis que l’administration Bush s’était improvisée lanceuse de cailloux de rang olympique.

Résumé de la saison une: les mecs veulent qu’on les agresse, pour attiser la haine et le soutien des populations agressées, et c’est exactement ce qui a été fait. 14 ans plus tard, voyez vous même s’ils ont gagné en puissance ou pas.

Barack Obama, 2011:

Barack Obama, 2011: « Nous quittons l’Irak la tête haute […] le vent de la guerre s’essouffle ». B.Obama, 2015: « f**king shit »

Passons donc à la partie rêve – les terroristes islamistes rêvent d’une chose: la 3ème guerre mondiale. Chose qui n’arrivera pas, mais passons. Dans leur vision, « le monde islamique » est attaqué par… un peu tout le monde, apparemment, et eux se retrouvent catapultés chefs d’un milliard de jihadistes prêts à conquérir le monde.

C’est complétement con, oui, en effet. Ça donne une idée du niveau de nos politiques lorsqu’ils promettent exactement la même escalade en représailles.

Ce qu’il faut donc en conclure

  1. Ceci n’est pas une guerre. Ou alors j’ai raté le défilé de jeeps de l’EI sur le périph parisien. Les médias vous parlent de guerre, les journaux pour vendre plus de papier, les « experts » des chaines de télé parce qu’ils sont payés par Thalès ou un autre fabriquant d’armes. Remarquez que la Une la plus tapageuse est celle d’un journal appartenant à Serge Dassault.
  2. Laisser la peur gagner, laisser la vengeance gagner – ce qui revient au même -, répondre à l exultation immédiate des extrémistes en tous genres (FN en tête), c’est donner raison à l’ennemi. Et lui accorder un poids qu’il n’a pas.

    La plupart des attentats sont déjoués. Celui d’hier soir a raté ses principaux objectifs tactiques. CES TYPES SONT DES TANCHES. Des grosses. Des incompétents en plus d’être tarés. Ne jamais leur faire l’honneur de les considérer comme un danger grave: ils ne sont que des nuisances. Des moustiques qu’on entend vrombir et qui à un moment piquent. Même le nom de l’équipe qui les a délogés porte le nom d’un anti-moustiques. Raid. Vous voyez.

  3. En revanche il existe des endroits où le moustique s’est fait bœuf. Et là ce n’est plus la même affaire. Des endroits où ils se prennent très au sérieux. Raison de plus pour leur rire à la tronche maintenant, au moment où ils tentent d’exporter la guerre chez nous. Pour ne pas tomber dans le piège.Parce que s’il y a une bonne chose à retenir de cette tragédie, c’est qu’il existe une raison à ce que la France soit une cible prioritaire: eux flippent, pour de vrai. Parce que la France mène une politique efficace contre eux, notamment au Mali. Une nation de cuistres grévistes endettée jusqu’au dents, à l’armée réduite à un ahurissant système D, leur fout la misère sans tomber dans la surréaction à l’américaine (en même temps, on a pas les moyens les gars, désolés). Via une politique qui tient plus de l’opération de police que de la guerre ouverte, en partenariat avec les autorités légales locales.

Alors la dernière des choses à faire serait de tomber dans le piège grossier de la surenchère. Et d’écouter ceux qui voudraient diviser la France entre les « terroristes potentiels » et les autres. Surtout au moment où les imbéciles d’en face tombent dans la stratégie du désespoir et du tout-ou-rien pour nous faire péter un câble.

Au lendemain de leur sinistre gag, voici le message qu’il faut envoyer:

« La France reste calme et vous emmerde. »

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Et schplaf l’écologie

Produire local et organique est un mythe romantique – le futur de l’agriculture soutenable passe par la technologie et les rendements d’échelle.

Prenez une tomate, qui contrairement à la baleine, à la poule, ou au japonais, est un végétal. Un de nos aliments préférés. L’icône juteuse de la vraie vie des soirées d’été. Rien de plus idyllique qu’acheter des tomates fraiches un samedi matin, les ramener chez soi, les laver délicatement, les couper, admirer leur intérieur scintillant, ajouter de l’huile d’olive, une feuille ou deux du basilic qui pousse à la fenêtre. Le paradis.

Merde, on sent la tomate qui a mûri pépère au soleil sur son petit plant lié à la main de son petit ruban de corde. De la bonne tomate traditionnelle, locale, honnête: authentique.

Mais à quel point est elle « bonne »? Et que signifie bon dans ce contexte? Est elle meilleure, au sens technique, ou nous fait elle juste sentir meilleur en tant que consommateur – mieux encore, en tant qu’être humain? Si elle est simplement le véhicule d’un romantisme fallacieux, il faut porter un regard dépassionné sur sa production, avec comme perspective la soutenabilité.

La tomate, donc

La logique commence ainsi: la route entre la récolte et l’assiette doit être aussi directe que possible. Cool si vous avez un fermier en bas de la rue. Mais l’environnement urbain est cher, souvent pollué, bref insoutenable pour l’agriculture.

Parenthèse, tiens: j’ai un potager, tout bio sans produits chimiques, placé dans un endroit sans histoire, naturel. On a eu l’occasion d’y retrouver sous terre des goupilles de grenades et divers schrapnels. Outre le risque terroriste qui se pose envers MES tomates, cela veut surtout dire que la terre est très probablement contaminée par des métaux lourds. Mais sans pesticides.

Même dans une chaine courte, le produit peut se faire emmerder. Une tomate fraiche n’est pas morte: son métabolisme post-récolte est actif, fournissant une terre promise à divers micro-organismes. La fraicheur en elle même n’a rien à voir avec la soutenabilité: les chaines courtes subissent elles aussi des gaspillages importants. Ce qui revient à du gaspillage de terre, d’eau, d’énergie… Utilisés pour produire.

Des décennies de recherche aidant, on peut désormais concevoir des chaines de transport et de stockage qui ralentissent, voir stoppent, le détérioration naturelle – via le biais de gaz inoffensifs. Par exemple les paquets de chips sont gonflés d’azote pour éviter qu’ils ne périment ou se brisent. On parle du gaz qui compose 4/5ème de notre air ambiant, tout roule.

Ceci n'est pas une tomate

Ceci n’est pas une tomate. Observez: on peut voir de l’azote tout autour

En vérité, les traitements modernes associés à des emballages en plastique biodégradables – qui vont en se généralisant – représentent l’environnement optimal pour vos produis frais. De même le lavage industriel de tonnes d’aliments consomme bien moins d’eau que le même processus dans des milliers de foyers.

J’entends déjà les marxistes bailler: hop, on cause travail

« Ramassé à la main », ça sonne fun et sain comme la cueillette préhistorique de tonton néandertal. C’est surtout marrant quand on en fait 5 minutes par jour deux mois dans l’année. C’est un job de merde, vraiment – et j’ai testé -, et sous-traité à des roumains vu que personne ne veut le faire (surtout si EN PLUS vous demandez des normes de travail, malheureux).

En plus de ça: le rendement de l’agriculture bio est bas. Oui. On vous a dit le contraire? C’est pas beau de mentir aux gens: le rendement par travailleur autant que par unité de capital investie est largement plus bas que celui de l’agriculture conventionnelle, c’est le prix de vente rehaussé qui permet de dire artificiellement « bah regardez y a des bénéfices ».

Certains hurluberlus objecteront qu’il faut accepter de retourner au travail manuel de la terre, qui en plus coûte plus cher. J’ai envie de leur envoyer l’intégrale de Zola par la poste et des vacances dans les champs, sérieux. On en reparle après les ampoules, l’ennui profond, les vertèbres pétées.

« It’s a holiday in Cambodia
It’s tough, kid, but it’s life! » – Holiday in Cambodia

C’est comme tout. On peut s’en sortir par le bas ou bien par le haut. C’est la fameuse image du vélo qui part droit dans le mur. Supposons que la civilisation soit le vélo. Vous avez ce qu’il se passe, quand on arrête un vélo tout en prétendant rester dessus – c’est à dire, ici, garder la civilisation – ? on se casse la gueule. 10 000 ans que l’humanité choisit d’exploser des murs, figurez vous.

Ça s’appelle se dépasser.

certes c’est moins propre que repartir vivre dans la gadoue car toute solution appelle de nouveaux soucis, mais dans la vie il y a le camp de ceux qui agissent et celui de ceux qui râlent.

Alors quoi?

L’alternative. Le progrès technique. Le ramassage robotisé avec scan de chaque tomate pour calculer le mûrissement optimal. L’usage d’outils d’analyse du terrain, en amont (drones) et pendant (capteurs) la production, pour doser finement les quantités d’intrants.

Science fiction, me direz vous.

Ça se passe pourtant à l’heure où je vous parle. Un mètre carré de plants de tomates sous serre produit 70 kilos de tomates, et là je parle des sites de production obsolètes qui balancent encore l’intrant au jugé.

Au sujet de la fraicheur, et comme je sens pointer la question des valeurs en vitamines: le ketchup (au hasard, celui de chez McDo)est meilleur pour la santé que les tomates fraiches. Ainsi que meilleur pour l’économie: il est produit à partir de tomates invendables destinées à la destruction. Le système digestif humain n’est pas conçu pour extraire efficacement les nutriments d’une tomate fraiche: que son niveau de vitamine soit l’actuel ou celui de 1950, on en assimile que la dose maximale possible, qui est inférieure aux deux. Alors que transformé en ketchup, l’aliment s’assimile plus efficacement.

En fait tous ces Frankenstein de cuisine transformée, voyons voir… Ça a commencé loin, cuire ses aliments, saler, fumer sa viande, etc… Sont même jugés principaux responsables de l’émergence du cerveau humain tel qu’on le connait. Je vais encore me mettre les végans à dos.

« L’Homme n’a jamais été carnivore. Preuve ci-dessus: reproduction d’une variété de légume préhistorique » 21/02/2079, Musée du Véganisme Triomphant

Mais mais mais… La tomate bio est meilleure, pas vrai? même pas, en fait. Tous les tests sérieux (c’est à dire réalisés en double-aveugle) se sont révélés incapables de distinguer les tomates bio des autres. Pour peu bien entendu de les prendre dans les mêmes conditions: bien entendu que la tomate du jardin et celle achetée tout congelée au Leclerc n’ont pas le même gout, là aucune remise en cause.

Même là y a moyen de rire, cependant: les mêmes études ont démontrées que si on vous sert la tomate Leclerc congelée au resto en vendant ça 30 boules, elle sera plus goûteuse que du bio. Fascinant, le cerveau humain.

Qui est le plus écolo?

Eh bien l’agriculture intensive nouvelle version l’emporte haut la main: une serre dont la chaleur est réutilisée peut chauffer un quartier entier, en stockant sa chaleur emmagasinée naturellement. De même, en Hollande, le CO² industriel est désormais réutilisé en serre, où les plantes l’utilisent.

Il en va de même pour l’eau: un kilo de tomate produit en utilisant 4 à 6 litres d’eau. Et ça c’est avant même de compter la collecte et la réutilisation de l’évaporation.

La tomate bio, en face, produit une belle moyenne de 60 litres d’eau pour un kilo de tomate.

Ai-je précisé qu’un environnement contrôlé minimise l’utilisation de pesticides (ou de palliatifs bios coûteux) ?

J’hésite vraiment à parler des OGM, là. Quand un écolo français produit par sélection draconienne des tomates-hulk qui poussent en milieu aride – très belle réussite d’ailleurs – « c’est beau la nature »; quand la même chose est faite en labo « c’est dangereusement mortel ». Faudra vraiment m’expliquer ce qui ne va pas dans la tête des gens. Surtout que dans les deux exemples, le job est le même: le héros de l’écologie du début du paragraphe est… Agronome. Et bosse avec l’INRA. Savez, l’INRA, ceux qui mettaient des hublots aux vaches dans les années 60? Ben c’est le même institut officiel qui produit de nos jours les trois quarts des solutions miracles promues par les babas cool: mettre des arbres dans les champs pour augmenter le rendement, c’est d’eux. Tenter de produire du bio plus productif que de l’industriel, c’est eux qui sont sur la brèche. Etc…

Mais sous prétexte qu’ils ont fait du productivisme – et des hublots – à une époque, où, rappelons le, la malnutrition existait en France et d’ailleurs partout, c’est le Grand Satan pour 1000 générations. Bordel c’est pourtant pas compliqué: ce sont des scientifiques! Si le soucis de l’époque est de nourrir tout le monde, ils vont inventer des engrais pour produire en masse. Maintenant que le soucis est de MIEUX nourrir tout le monde, ils inventent du bio efficace: du bio… Industriel.

Note: si la seule mention du mot « industriel » vous fait penser que c’est mal, prière d’aller vous taper répétitivement la tête contre un mur, ou de consulter l’article sur les biais cognitifs.

La soutenabilité: késako

Au sens technique, est soutenable une production dont le but est d’atteindre une balance optimale entre les inputs et les outputs, en incluant desormais les effets secondaires: émissions de CO², produits chimiques… Nulle part dans cette phrase n’est précisé d’échelle de production. Ou que la technologie cémal.

Il faut comprendre que dans le passé, les débris de pomme de terre ont causés des pollutions des eaux impressionnantes, qui n’ont cessées qu’avec le traitement obligatoire des eaux utilisées. Désormais ce traitement n’est plus fait. Parce qu’on ne jette plus rien de la patate, tout simplement: les débris et fibres sont ré-utilisés. La prochaine étape sera de pouvoir réutiliser les enzymes et les oligo-éléments eux mêmes, séparément, pour économiser encore plus d’eau et d’énergie.

La tradition n’est pas le futur. L’oxymore semblait pourtant bien clair

Dans les faits, ce sont les petites exploitation ancestrales qui dégradent le plus les sols et les forêts. Et dans les faits, un nombre diminuant de fermiers vont devoir nourrir des mégapoles en croissance rapide. Oui c’est pas très romantique comme vision: c’est la réalité. On peut soit se poser des œillères et partir vivre dans la Creuse, soit agir pragmatiquement en tirant sans dogmatisme le plus efficace quelque soit l’approche. C’est à dire en inventant le bio de masse.

La petite agriculture augmente les coûts pour le consommateur, dégrade l’espace, dégrade la sécurité alimentaire: « petit » n’est ni soutenable ni beau en lui-même

On ne veut pas se l’admettre, mais le fantasme d’une société agraire et simple est essentiellement conservateur… Et irréaliste. C’est rêvasser au milieu d’un incendie. Et cela bloque l’action.

« tout ce que je tiens à dire c’est qu’c’est pas en c’temps là qu’on aurait créé le réchauffment climatique. C’ÉTAIT MIEUX AVANT »

Ce n’était pas mieux avant. Il y a 100 ans, 8 personnes sur 10 souffraient de malnutrition dans les pays les plus riches (The Growth of World Agricultural Production, Giovanni Federico) . Un fermier pouvait nourrir 20 personnes. Ce qui était déjà une amélioration énorme sachant que les famines avaient disparues.

Désormais un agriculteur équipé de moyens modernes nourrit entre 200 et 300 personnes. A trop s’alarmer de détails (ce qui est très bien, sois dit en passant), on en oublie que si on a le confort de le faire c’est parce que, pour commencer, on mange à notre faim.

Quand à la tomate, cette fameuse tomate, il y a encore 70 ans c’était une rareté en Europe du nord ou aux États Unis.

Le futur, lui, s’adapte

Le prix le plus cher payé pour tous ces succès est peut être la distance croissante entre le public et la compréhension des processus de production. Ironiquement, la génération qui a le plus bénéficié de la science est donc celle qui doute le plus de celle ci. Que voulez-vous, ça n’a rien de stupide en soi: un poisson ne se rend pas compte qu’il barbote dans l’eau.

Les leçons de Silent Spring (« Le printemps silencieux », 1962, premier best-seller de l’écologie aux Etats Unis) sont pourtant tirées. On obtient désormais des rendements supérieurs à il y a 40 ans en utilisant… dix fois moins de pesticides. Dans un système fermé (serre; ferme robotisée) ils ne sont même plus utilisés.

Les succès du passé ne doivent cependant pas faire reposer la science sur ses lauriers. Les challenges sont réels et nombreux. L’agriculture de précision (basée tant sur les techniques écologiques radicales que sur les nouvelles technologies) est en train de remplir ses objectifs.

La chose à retenir, c’est qu’il ne faut jamais confondre réalité et fantasmes. La réalité est une chose bien plus complexes que les solutions « miracles » promulguées par quelques gourous. Le fait que ces individus (qui a dit « Pierre Rabhi », qui!? qu’il se dénonce) aient des liens avec et partagent le même discours que l’extrême droite devrait suffire à vous mettre la puce à l’oreille: ils vous vendent du rêve. Leur rêve. Souvent sincèrement. D’un monde simple, cohérent, qui fasse moins peur.

Il y a dans le monde des millions de cadavres morts pour défendre – et encore plus morts à cause de – ces rêves éveillés d’un monde retourné à l’harmonie. Parce que cette vision est la même que d’autres ont eu avant. Des types qui ont ouvertement rêvé de recouvrir l’Europe de parcs nationaux et de transformer le monde slave (vidé de ses slaves) en utopie paysanne médiévale.

L’enfer est pavé de bonnes intentions.

Pour en savoir plus sur les tomates, cliquez ici.

Cet article est (très) librement traduit de « Splat goes the theory» (Louise O Fresco, présidente du Wageninen University and Research Centre – Pays Bas), trouvable sur ce site d’une extrême qualité. Site dont je suis fier de vous offrir des traductions, parce que la connaissance est un bien précieux dont il faut promouvoir la diffusion, tout ça tout ça.

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Le harcèlement c’est mal, m’voyez

Bon alors là, faut m’excuser, mais quel est le glandu aux commandes pour pondre des vidéos ridicules à propos du harcèlement scolaire? Sérieux, niveau réalisation c’est déjà chiant comme du cinéma français, mais alors bordel de dieu le scénar, coco. Quel est l’esprit malade qui a validé le scénar de cette chose, sans parler de celle là, dont il sera question ici?

En tout cas une personne qui comprend aussi bien la psychologie qu’un adjudant-chef, aussi bien les gosses qu’un centenaire. Ils ont dû mettre un militaire à la retraite sur le coup je pense. Surtout sachant que cette vidéo VALORISE le comportement d’agresseur.

 » ’cause we’re young and wild and freeee ». Alors que Gaspard Leroux, derrière, ne sait visiblement pas s’amuser. Ouais, cette vidéo réussi magistralement à valoriser la violence. Great job!

Note: je me contrefiche de la polémique rapport aux profs. Les profs râlent, ils ont de quoi. Quand bien même ce serait déplacé: en râlant ils augmentent le buzz autour de la campagne, donc tout le monde y gagne.

État des lieux de la catastrophe

Primo, le harcèlement est bien plus insidieux qu’une avalanche bruyante de boulettes de papier.

Même plus: ce n’est pas dans la classe qu’il se passe, pauvres tanches technocrates autocentrées, c’est dans la cour, dans le quartier autour de l’établissement. Et désormais de plus en plus sur les réseaux sociaux, pardon, « le numérique » ça devrait plus parler aux vieux cons qui nous gouvernent.

Secondement, qu’est ce que c’est que cette guimauve? Dans quel rêve le plus fou de poujadiste catholique années 50 une petite fille se lève-t-elle parmi la foule, christique, pour annoncer d’une voix de psychologue « ça ne peut plus durer faut qu’on en parle »?

Mon ami, faut qu'on en parle tu sais? Oui, tu as désormais l'air encore plus con qu'au début du spot, oui, bah hé t'es plus à ça près

Mon ami, faut qu’on en parle tu sais? Oui, tu as désormais l’air encore plus con qu’au début du spot, oui, bah hé t’es plus à ça près

Sans vouloir apprendre son job à Melissa Theuriau:

On va reprendre par la base. Dans un média visuel, il y a ce qu’on nomme un focus. Ici le focus est mis sur le petit roux que j’ai décidé d’appeler Gaspard et l’instit qui se nommera THX1138 tellement elle a l’air humaine. « Passe que la vidéo elle est pour attirer l’attention sur les victimes et pis pour interpeller ces flemmasses de profs ». Sauf que chacun voit déjà à peu près à quoi ressemble du harcèlement scolaire, merci, ajouter un poncif n’a aucune plus value; et que les profs dirigent des classes, comment dire..? Depuis l’invention de leur métier. L’idée de dire aux profs « agadez il faut rester vigilant il se passe des choses violentes » devrait être intégrée depuis longtemps je pense.

Alors. Un peu de psycho. 90% du harcèlement est le fait de la peur: « si je harcèle x je ne serai pas moi la personne harcelée; si les autres harcèlent x je dois le faire aussi sinon je vais être mis à l’écart voir harcelé aussi ». Voilà ce qu’il se passe dans la petite tête des piti n’enfants. C’est pas Disney: c’est la vie, ils la comprennent et calculent déjà leur comportement social, à cet âge.

Ce spot joue sur un basique bien vs. mal, et promeut le bien (mini christ défendant… – ah non elle le défend même pas activement tiens! – son camarade). Waouh.

Tandis que l’efficacité serait de déplacer le focus sur les élèves en tant que corps social. Sur le groupe. Afin de culpabiliser la masse suiveuse, au lieu de placer encore plus de lumière (et donc de raisons de rire) sur un harcelé timide qui n’en demande pas tant, merci pour lui.

Explication

Allez, on refait le spot.

De façon intelligente, dans un contexte sociologique réel; de façon opérationnelle, pour obtenir des effets concrets chez les personnes intéressées. Bref on torche ça bien. Histoire de replacer le harcèlement dans le contexte sociologique de la classe entière, donc, le but est d’impliquer chaque élève avec une injonction interne (« tu t’es vu comment t’as l’air gland à faire ton suiveur? ») et non externe (« harceler c’est mal m’voyez« ).

On prend les mêmes, sauf Terminator, là, qui nous bouffe l'image, et on recommence.

On reprend les mêmes, sauf Terminator, là, qui nous bouffe l’image, et on recommence.

Même classe.

Un élève à l’air bas de plafond…

sans tomber dans la caricature. Mais on comprend que sa plus-value dans la vie c’est pas l’esprit: il a besoin de choses plus concrètes pour exister aux yeux des autres. Eh ouais, lui aussi est un être nuancé qui cherche la validation de ses pairs, et ne pas être rejeté.

…lance une boulette sur le roux.

Puis un second le fait. Quelques uns pouffent. Les deux premiers matent Enzo du coin de l’œil en souriant, façon « vas y mec! ». Enzo se prépare mais croise le regard attristé de la petite brune…

Voyez, Enzo idem: comme tout gamin de son âge il cherche juste à être aimé et obtenir une validation sociale dans le groupe dont il se revendique, à savoir élève de primaire. Autre aspect: on se doute qu’il craque pour mini-brunette-christ.

…Tandis que sa copine de table à l’air un peu plus blasée, mature…

doivent être en cm2, et tous s’habiller dans la même boutique, vu le spot. Encore un truc réaliste. Bon bref…habillée un peu plus collège disons.

…souffle bruyamment l’air de dire « vous êtes vraiment de pauvres glands les garçons surtout toi Enzo ». Là le Enzo, par la force de l’amour…

C’est à dire surtout, suivez bien, pour chercher à produire une validation qu’il estime encore plus que celle de ses amis.

…se trouve des couilles et ne lance pas la boulette.

À la sortie de la classe, brunette et copine-à-brunette sont rejointes par Enzo et le petit groupe décide timidement d’inclure le rouquin. Ils partent dans le couloir en discutant

Ouais la timidité c’est pas un clapet: on en a tous.

On entend pas ce qu’ils disent alors qu’ils partent dans le couloir. C’était quoi cette idée minable du spot original de faire entendre la phrase trèèeeees naturelle de la petite brune? Sérieux merde. C’est le moment du spot où le spectateur réfléchit, intègre. Continue le scénar lui même dans sa tête… pas la peine de lui souffler des paroles tracées.

Voilà

Là on a un spot qui pourra être maté par les concernés (les élèves) sans les faire pouffer de rire.
Y aura plutôt un silence. Souvenez vous ce que c’était, c’est l’âge merveilleux où la gêne sociale commence à pointer. Chez eux une propagande qui marche est une propagande qui provoque le silence gêné: parce que merde, c’est pas simpliste, c’est pas Disney, c’est juste… eux. Les boules. Et surtout *tilt* début de réflexion:

Primo, Gaspard Leroux n’est pas ici pas une victime par nature, tout juste digne de l’apitoiement de la gentille du coin. Il est l’élément d’un groupe diffus: une majorité silencieuse (pas celle du FN non), qui en a marre du harcèlement aka des gamineries. Et ça change tout au message.

Ensuite. Ça ne montre pas les gens comme « gentil OU méchant », mais comme dépositaires de choix. Et surtout d’un choix entre « cool et mature », ce qui leur importe à cet age (c’est une validation), tandis que « gentil ou méchant » leur parlera moins. Merde, ils sont déjà fans (ou à un an de l’être) de rap violent / de Miley Cyrus, faut se réveiller au ministère: les archétypes auxquels ils commence à s’identifier n’ont pas pour caractéristique première d’être gentils, mais in, cool, swag, ce que vous voulez [ajouter ici le dernier mot en vogue moi je me fais vieux].

Et à l’inverse, ne pas être un(e) boloss. Tiens ça se dit encore? chuis à jour? Ou « fragile » a déjà pris la place? Interessant ça, d’ailleurs: « fragile » est à la mode, comment voulez vous, encore une fois, que ces jeunes psychopathes valorisent la gentillesse? Le curseur est différent.

Or donc dans ce spot corrigé, on imprime comme réaction…

« t’as vu ce neuneu de bébé qui lance des boulettes? Sérieux quel boloss ».

Scud lancé, culpabilisation de la figure de l’agresseur en marche. Spot efficace, démarche active. C’est gratos pour cette fois à condition de me filer la prochaine campagne sur la sécurité routière.

Ouais celle là par pour la rattraper, hein. Juste la faire encore plus sanglante. J’pensais entamer avec le foetus encore vivant éjecté de sa mère au moment où elle traverse le pare-brise, puis…

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L’art de zapper

Hey! Comment ça va? Aujourd’hui, rendons humblement hommage à l’ancêtre tétraplégique d’internet. Cet autel primitif voué à d’anciens Dieux qui illumine encore de sa surnaturelle lumière bleue de nombreux foyers.

D’aucuns nomment ce chef d’œuvre d’invention humaine « une abomination« . Tout ça parce que la TV est un média (du) passif – c’est à dire que passer du temps devant vous transforme les neurones en mini Jabba le Hutt passés au micro onde – , gavé à ras bord de propagande, sport de prolos. Étonnamment, malgré le nombre de grands esprits qui jureraient leurs chips ne pas du tout mater la téloche, elle n’a jamais été aussi rentable et le temps passé devant gratte encore son plafond historique. De même pour la radio, dinosaure s’il en est. C’est vous dire l’inertie.

OK, j’arrête de défendre l’ornithorynque blessé: la télévision a peur. Parce que tout ce qu’elle raconte était déjà sur internet 5 jours avant, puis d’ailleurs les simpsons l’ont déja fait. Le strip tease (si vous cliquez là en attendant un strip tease, préparez des compresses pour vos yeux et le 15 sur votre portable) de plus en plus flagrant des grandes chaînes envers les derniers fidèles, à savoir les vieux, public captif, ne fait qu’accélérer l’exode des jeunes.

Allons, ne désespérons pas de tous les vieux, y en a des bien

Allons, ne désespérons pas de tous les vieux, y en a des bien

Donc… La télévision c’est comme les lions ou les pandas: faites votre safari maintenant, parce qu’ensuite il sera trop tard. Mais attention. Intelligemment.

Parce qu’il faut bien un prétexte.

Non mais sérieux. La TV, c’est comme votre famille ou vos vieux potes. Vous avez vécu avec depuis toujours, et désormais vous vous en éloignez insensiblement. Chaque chaîne a sa personnalité, son histoire, ses secrets de famille inavouables. Y a un petit cœur qui bat sous cet amas de pixels. Alors il est temps de se souvenir, entre deux vidéos de chats, de ces petites bêtes touchantes que sont les chaînes de télévision.

Préambule

Je dis « organiser et comprendre son safari » c’est histoire de. Faites le poirier si c’est plus confortable, mais l’idéal, même sans allumer le monstre, est de lire cet article soigneusement avachi dans un canapé en mangeant de la merde. Afin de bien ressentir l’ambiance. Voilà pour l’organisation.

Le volet compréhension maintenant. Notez que si le nombre de chaînes est important, le nombre de propriétaires est restreint. D’ailleurs le monde est petit, toutes les principales chaînes privées ont des liens conséquents (et souvent personnels) avec Nicolas Sarkozy, souvenez vous en en 2017.

Bouygues, « meilleur ami », témoin de mariage, parrain d’un des gosses; Bolloré, ami et prêteur de yacht; Paul Desmarais, ami bénéficiaire de plusieurs pistons; Lagardère, « frère » autoproclamé; Alain Weill, ami UMP,… Les détails ici, car comme expliqué dans un autre article savoir ce que l’on consomme comme informations est un acte simple et toujours très instructif.

Ouais. Stop. Tu as raison, 17 affaires judiciaires au cul c'est déjà bien assez, on va pas se mettre à compter les conflits d'intérêts

Ouais. Stop. Tu as raison, 17 affaires judiciaires au cul c’est déjà bien assez, on va pas se mettre à compter les conflits d’intérêts

NOTE: Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite. Globalement.

TF1 (groupe Bouygues)

« Passons sans plus attendre à un sujet extrêmement important… »

Le symbole. Spécialisée dans le massage des neurones, TF1 ne propose que du contenu inoffensif. D’ailleurs depuis que la concurrence s’est accrue, TF1 s’est découvert une philosophie Taoïste et ne propose plus de contenu du tout. C’est dans cet enclos que se cache en plein jour la bête du 13h.

TF1 est cependant un symbole du passé pré-TNT. Du capitalisme à la papa. Il existe désormais de nouvelles manières, plus insidieuses, de… Comment disait Patrick le Lay, déjà?

Ce que nous vendons à Coca Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible

TF1 c’est les gens. Vous les croisez partout et tombez sur eux par défaut. Dans votre tête ils habitent un pavillon anonyme et ils votent à droite. Les gens ont toujours des opinions bidons sur l’actualité et préféreront parler de la météo, ou s’encanailler avec des faits divers. Ils ont des gouts basiques, prévisibles, et rient de vannes franchouillardes éculées et sans danger.

France 2 (team gouvernement, selon les arrivages)

L’antagoniste historique. La maman du PAF (paysage audiovisuel français). Là où TF1 est creux, France 2 est concave. Parce que la nuance est exactement celle ci: le contenu est rigoureusement le même sauf que c’est de la télé publique et qu’il faut donc un aspect plus culturel, avec des mots un rien plus pouet-pouet.

France 2 c’est les gens. Vous les croisez partout et tombez sur eux par défaut. Dans votre tête ils habitent un appartement anonyme et ils votent à gauche. Les gens ont toujours des opinions bidons sur l’actualité et préféreront parler de leur métier de fonctionnaire, ou s’encanailler en partageant la dernière astuce de consommation du moment. Ils ont des gouts basiques et prévisibles et écoutent de l’avariété française consensuelle.

France 3 (team gouvernement, selon les arrivages)

Celle qui se charge des basses œuvres indignes de France 2. Du style causer de votre patelin provincial avec un petit reportage en langue locale.

C'est également là que sont entreposés les prototypes top secrets et les mutations honteuses

C’est également là que sont entreposés les prototypes top secrets et les mutations honteuses

Comment personnifier cette chose? France 3, c’est la mamie rurale de France 2. Il vous arrive par erreur de tomber sur elle, heureusement elle est absorbée par « question pour un champion » et ne vous a pas remarqué. L’actualité est pour elle une affaire limitée au village, « plus belle la vie » se chargeant de la tenir au courant de la vie et des us dans le reste du monde.

Canal+ (Bolloré)

Une bien triste affaire. La chaîne des riches existe et elle n’est même pas en première place sur la télécommande.C’est un résumé en soi de la dichotomie de Canal+.

Dichotomie ça veut dire que c’est la même chaîne qui se veut « rebelle » et « impertinente » – et réussit, j’pense à Groland par exemple – qui est numéro un chez les CSP+ en défendant et personnalisant ce qu’on entend parfois nommé « le système ». Tiraillé depuis toujours entre ce besoin de créer l’événement hype et la pression conservatrice des actionnaires, l’esprit canal n’en finit pas de mourir. Au départ c’est amusant comme un film de zombies, puis à un moment ça commence à vraiment puer.

Un exemple au hasard pour observer ce processus en accéléré: le petit journal. Partie du sommet de la nouveauté journalistique, impertinente, drôle et intéressante, la bestiole donnait dans le fact checking et la dénonciation des manipulations médiatiques. Désormais C’EST une manipulation médiatique: le temps consacré au people a doublé voir triplé, et le fact checking se limite à compiler 9 fois la même phrase pour espérer obtenir du comique de répétition. Ou rire du nom de famille des membres de l’assemblée nationale.

C’est bon, à la quinzième fois on a compris qu’un mec se nommait « Poisson » chez nos députés, merci. Ah fallait rire. Ah.

« Internet. Chut. Cesse de te moquer de ton ancêtre c’est mesquin »

Canal+, c’est votre oncle sociable et marrant qui anime si bien les repas de famille. Il a pris du bide et de la cirrhose à trop mater de sport le dimanche, ainsi c’est avec stupéfaction que vous avez un jour découvert que dans sa jeunesse il ressemblait vaguement à Delon – ou Michel Vaillant? – et emballait de ouf au macumba. Depuis peu il a enfin cessé de s’agripper à toute idée d’être dans le vent, mais refuse de l’admettre. Niveau sport, il trouve désormais qu’il y a trop d’arabes sur le marché.

France 5 (team gouvernement, selon les arrivages)

Je ne dirai que ceci: NON, « c dans l’air » n’est pas une émission intellectuelle. C’est la fange de la pensée et 140% de leurs experts ont un CV bidonné ou au minimum rempli d’infos marrantes. Du style: « l’expert en géopolitique » ancien militaire passé chez Thalès. « L’économiste »… non quand on bosse dans une banque ça se nomme banquier, petit, merde quoi.

Est il bien pertinent d’ajouter qu’entre le vague, le prémâché et la langue de bois ils ne causent de toute façon de pas grand chose.

Il faudra bien que chacun fasse des efforts dans l’austérité. C’est un fait

Le hit du top 40 depuis des années. Vous avez remarqué, c’est toujours drôle comment une connerie répétée 1 000 fois devient un fait.

Disponible partout, à toute heure: radio, télé, journaux…

« Oui mais céki alors France 5 ? ». Voyons. Qui c’est qui radote, à part les éditorialistes..?

La tata. Celle avec les chats. Elle adore les animaux, a arrêté des études de socio mais en cause toujours vaguement – et n’importe comment – par ci par là. Elle aime les enfants mais ce n’est pas réciproque.

M6 (RTL group) : la chaîne téléachat en continu

Là où TF1 incarne le capitalisme à l’ancienne, façon char d’assaut, M6 représente la forme moderne de guérilla marketing. Fini la distinction claire entre programme et publicités, ça c’est la guerre ancienne version. Tout comme Disneyland ou Star Wars (l’un a acheté l’autre, comme c’est révélateur) ne sont que des ambiances calculées, destinées à vendre des produits dérivés, M6 n’est qu’un décor destiné à remplir votre domicile à ras bord de merdes.

La plage « téléachat » de la chaîne a jetée ses tentacules sur tout le reste.

  • Les informations durent exactement 90 secondes, le reste étant consacré à ce concept fascinant: l’infomercial. Soit un reportage à l’allure sérieuse, mais qui ne manquera pas de citer plusieures fois le nom du produit, préciser son prix, et s’exclamer que de plus en plus de français le font. Comme si vôtre magazine préféré ne contenait que de la publicité… Wait. Eux aussi font ça pour vivre.
  • Si vous avez eu une seule fois l’envie d’acheter un produit présenté dans « Déco », « Recherche appartement ou maison », ça devrait vous mettre la puce à l’oreille, quand même. Savez, ces produits dont on vous précise à tous hasard le prix d’achat voir le revendeur. Comme dans… Une pub.
  • Bordel: le concept même dans « Les reines du shopping » est de vous présenter des fringues, leur prix, et les faire essayer à des potiches sur fond de musique criarde. Il faut quoi pour que le public saisisse qu’il se fait saccager le cerveau? Que Christina Cordula présente aussi le téléshopping du matin?

Parlons technique. Vous pouvez faire le test: la durée des plans, l’ambiance, et le nombre de musiques pop à la minute dans une émission d’M6 sont calibrés sur celui d’une minute de pause publicitaire classique. Les mecs ne se cachent même plus: vous matez une pub criarde façon Fébreze ou Dash de 90 minutes, le seul truc qui change étant qu’ils ont nommé ça « émission ».

D’ailleurs les musiques aussi sont à vendre, et bien entendu il y a des « émissions » pour ça aussi, M6 faisant partie d’un conglomérat comportant des maisons de disque. Hell, même le décor, les vêtements, les objets, présents dans les clips de W9 sont à vendre.

Un second test? Essayez seulement de faire quelque chose avec votre cerveau pendant qu’M6 diffuse dans la pièce: ce sera rigoureusement impossible, tout est calculé, jusqu’aux variations d’intensité sonores – comme dans… non? si. Les pubs – pour vous émincer le crâne.

M6 est un vendeur de bazar: vous y allez en suivant un prétexte de découverte culturelle, ça gueule de partout, et vous lui achèterez nécessairement une bricole ou deux

M6 est un vendeur de bazar: vous y allez en suivant un prétexte quelconque de relaxation touristique, ça gueule de partout, et vous lui achèterez nécessairement une bricole ou deux.

Ou bien: M6 est typiquement une cousine à vous. Celle qui a un rire particulierement perçant, adore parler d’objets de consommation, de ses courses à ses fringues en passant par sa nouvelle terasse en pvc. Elle ne suit pas les grands sujets. D’ailleurs elle n’a surement jamais voté. Elle est très famille et a fondé la sienne sans attendre. A un moment elle s’est lancé dans la vente à domicile façon soirée tupperware entre filles.

Arte (Team gouvernement, deux pays, selon arrivages)

Arte, où l’épine dans le gras de l’orteil quand vous voulez faire votre élitiste qu vit sans télé. Eh ouais, le monde est nuancé, il existe un bout de télévision consacré à des trucs intéressants. Maintenant si c’est pour se plaindre que la TV abrutit le public ET qu’Arte est élitiste, on ne peut vraiment plus rien pour vous.

La seule chaîne gardant encore une longueur d'avance en matière de

La seule chaîne gardant encore une longueur d’avance en matière de « what the fuck » face à internet

Arte c’est cette nana des beaux arts avec un accent étranger – elle vient d’une famille franco allemande – qui s’interdit de mater un film sans connaitre le nom du réalisateur et écoute radio nova pour les jingles. Je refuse catégoriquement de taper sur elle, parce que franchement au milieu du reste elle est sexy et on peut discuter de choses profondes surtout la nuit. Elle est la preuve qu’il existe des gens intéressants, chose dont on peut parfois douter. Elle aussi a des doutes là dessus, son côté déprimé. Ses parents divorcés lui payent ses études et probablement sa drogue, donc elle évite de les fâcher et se montre singulièrement atlantiste tendance thalassocratique dans ses vues politiques. C’est ce genre de mots compliqués qui la rend infréquentable pour beaucoup.

D8 (Bolloré)

On rentre dans le monde des collègues (camarades de classe, pour les sans-rides du public). Ça, c’est le pitre de la bande. Il est marrant mais très con. Mais marrant. Dans quelques années il sera trop honteux à côtoyer mais on s’en souviendra avec des souvenirs de cuites sympathiques. Le successeur de canal+, il se présente comme tel en tout cas. Allez savoir.

« Tu te souviens cette soirée où on avait pris un selfie avec Rihanna? » True story

W9 (RTL Group)

Elle est un peu hystérique, fofolle. Fana de culture pop genre les Simpson, mais plus récemment elle s’est découvert une passion pour la cuisine. Malheureusement son amour pour les daubes pardon les hits, lui, demeure. Quand on la regarde en inclinant la tête c’est M6 qu’on voit.

NT1 (Bouygues)

NT1 c’est… Attendez. Vous vous souvenez de Sylvain Müller, le comptable, dans Caméra Café?

NRJ12 (NRJ group)

Un type branchouille dans le sens trop peu cultivé pour devenir un hipster. Sa culture cinématographique reste, bizarrement, potable et vous êtes jaloux de ses vacances à Ibiza. Cependant il faut vraiment arrêter de porter cette casquette avec ce marcel fluo sérieux.

France 4 (team gouvernement, selon les arrivages)

Malgré sa famille de fonctionnaire gauchiste, il prétend adopter à sa sauce le style de ses potes D8, W9 et Nrj12. Mais regarde doctor who en cachette. On ne se refait pas.

Gulli (Lagardère, mais ça n’a pas une haute importance politique ici, faut pas abuser)

Gulli est une girafe. Les enfants l’adorent et en causent jusqu’à 10 ans, date à laquelle ils n’entendront plus jamais parler de girafes de leur vie, excepté dans des vannes de mauvais gout avec des hélicoptères et Flap Flap la girafe.

En outre il arrive aux personnes sous l’emprise de stupéfiants, ou sur une bonne cuite, de voir des girafes.

BFMTV (Alain Weill)

Commercial ou un truc du genre. Petit-bourgeois, comme dirait le gauchiste lambda. Il est partout, vulgaire, a des ambitions mais s’obstine à se faire passer pour un dur du ghetto. Il vote FN et tient à ce que tout le monde le sache.

Qui c'est qui a la plus grosse?

Qui c’est qui a la plus grosse?

Itélé (Bolloré)

L’alter égo féminin de BFN. On les verrait très bien se marier puis passer 40 ans à s’engueuler sur n’importe quoi. Ils sont à la fois complémentaires dans leurs différences, et similaires. C’est peut être cela qui désoriente les gens, qui aiment toujours confusément l’un(e) et détestent l’autre.

D17 (Bolloré)

L’adolescent attardé. Ni plus, ni moins. C’est triste à dire mais si il faut il restera puceau toute sa vie. Son avenir est incertain. C’est soi ça soit il devient subitement champion de skateboard.

Contrairement à Game One il sort encore de sa chambre. A 14h la tête dans le cul, certes, mais cet amas de kleenex collants semés un peu partout signale des preuves de vie.

Paris Première (groupe M6)

Est il vraiment nécessaire de vous décrire une parisienne typique? Il y a un tas d’ouvrages et de documentation à disposition.

Tout ça pour dire. La TNT illustre cette dramatique loi économique: plus il y a de choix, moins il y a de contenu différent. Malgré leurs différences, toutes ces chaînes se calent peu à peu sur un même créneau, large, donc nécessairement stupide, niais, racoleur, outrancier: le créneau télévisuel optimal. Ce qui en dit long sur la télé et sur la créature sarcastique, voyeuse, infantilisée qu’un média passif fait de vous, moi, et bientôt les animaux.

Euronews (team gouvernement, 23 pays, bordel ça doit être un merdier là dedans)

Le logo dit tout.

Le logo dit tout. « Vous êtes au dessus de la masse. Nous sommes une bouffée d’air. Achetez une Rolex. On a fait comme M6, là, tout notre staff en a une au poignet et se gratte l’oreille pour bien la montrer »

Première chaîne d’info d’Europe, deuxième mondiale. Ouais, cette bestiole de combat traine sur votre décodeur, à priori entre cuisine tv et TVPI.

Une espèce indéterminée de Suisso-Belge que mamie France3 avait un temps hébergé. L’est devenu fonctionnaire européen ou financier, aucune idée. Vu qu’il cause indifféremment d’Europe, de la bourse et de Rolex deux fois par heure. Toute l’Europe le connait, mais les gens qu’il croise, eux, jamais. C’est assez mystérieux, et plutôt con vu qu’il a un avis bien plus intéressant que BFM et Itélé.

Une seconde chose à noter, donc. Vous voulez de l’information de qualité sans trop de propagande? Choisissez un média dirigé par 23 patrons différents, c’est à dire au final par personne. Secundo, un média à destination des marchés financiers. Quoi c’est l’ennemi? Justement:

Souvenez vous ce que je racontais à propos des tactiques de guérilla: utiliser les armes de l’ennemi, parce qu’il serait bien con de s’armer des mêmes pistolets à eau qu’il vous distribue en guise de bazookas.

Mentir au peuple, pas de soucis. Eux par contre quand ils regardent la TV au bureau c’est pour bosser et se tenir au courant de ce qui fait gigoter les bourses, et donc par extension le monde. La vérité est un outil de travail, en bourse.

Dans le reste du PAF, l’outil de travail c’est vous.

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Comment écrire un chef-d’oeuvre

Où comment éblouir le jury du Goncourt en toute simplicité. C’est qu’il faut les nourrir chaque année, ces fauves là. Et ils trouvent le moyen de faire la fine bouche. Cependant, sans verser dans l’élitisme imbu de ses petits-fours, le doux mois de Novembre – oui chez moi il est doux. Deal with it – est aussi le mois du NaNoWriMo. Non ce n’est pas la dernière expérience du CERN, mais bien évidemment le Movember des écrivains: un défi qui consiste à surpasser sa flemme et écrire, go, un roman de 50 000 mots en un mois. Le rapport avec le CERN? Attendez vous à croiser des trous noirs, en contemplant presque amoureusement la pureté cosmique de la belle page blanche qui vous fait face. Il y a quelque chose de déchirant à troubler la surface d’une page vide, pensez-y. Mais on ne fait pas de chef d’œuvre sans casser des œufs.

Note: déjà ne commencez pas à foutre des notes à tout bout de champ, c’est très médiocre et ça pollue tout. Vraie note: je ne saurai trop vous conseiller de profiter de la magie d’internet, à savoir les liens hypertexte. Ce texte en est truffé, et ils vont régulièrement renvoyer vers des œuvres qui gagnent à être découvertes. Restez focus, le but est de vous retrouver dans deux heures devant une vidéo youtube à propos de la digestion des girafes sans savoir comment vous avez bien pu en arriver là.

Bien. Je ne compte pas causer ici de la bonne utilisation des métaphores filées, du surnombre ou pas des adjectifs (ô grand débat littéraire s’il en est), de la longueur des phrases: chacun son style. Restons pro, restons poli, ratissons bien large (vous n’avez rien vu), ce texte s’en tiendra aux conseils universellement utiles. Et rentrons dans le vif du sujet.

Là par exemple, vous venez de rater un lien vers le Museum of Bad Arts. Or celui qui n'a jamais vu la Joconde massacrée n'a pas vraiment vécu.

Là par exemple, vous venez de rater un lien vers le Museum of Bad Arts. Or celui qui n’a jamais vu la Joconde massacrée n’a pas vraiment vécu.

Naissance d’un pont

Nous sommes en 2015 après l’excuse d’infidélité la plus osée de tout les temps. Et vous vous faites profondément chier. Avouez-le. C’est excellent, il faut cela pour écrire un chef-d’œuvre. Avez vous déjà vu un ouvrier chinois produire un chef-d’œuvre? Non. Parce qu’ils ne s’ennuient pas, eux. Inversement, et l’idéal reste d’avoir les moyens financiers de s’ennuyer, le grand artiste est dépressif et le monstre sacré finira fou, mentalement instable, dévasté, ou juste sexuellement attiré par les pigeons.

« Se faire profondément chier » – une amie qui se reconnaitra

Votre existence part en steak, vous sortez anomique d’un divorce, l’alcoolisme vous guette, c’est le moment idéal pour s’y mettre. Non mais pourquoi croyez vous qu’ils aient choisi le mois de novembre pour le NaNoWriMo? Le monde devient lugubre, vous allez pouvoir passer des fêtes seul(e) avec du nutella en sanglotant devant France 2 d’ici un mois et demi, et ensuite – ensuite! – la période la plus déprimante de l’année vous arrache le coin de la gueule. De même, pourquoi la France s’agrippe-t-elle à l’heure d’été? Pour vous assommer le moral JUSTE AVANT NOVEMBRE. Or la nation s’enorgueillit de ses écrivains. Coïncidence? Non je ne pense pas, non.

Boussole

Statistiquement vous êtes également un bon gros chômeur. Rappelons que "rentier" compte comme chômeur.

Statistiquement vous êtes également un bon gros chômeur. Rappelons que « rentier » compte comme chômeur.

Le chemin à suivre impérativement, dont vous ne dévierez pas. Il faut se lancer: écrire écrire écrire. A l’ancienne, ça signifie passer plusieurs heures fixes à se tordre le cerveau pour en faire couler la substantifique créativité. Dans notre monde moderne aussi. Eh non, passer plusieurs heures fixes au starbuck local entouré de plein d’autres MacBook n’aidera à rien et en plus vous faites pouffer de rire les gens. Ou dit autrement, l’important reste de:

« Balancer des bouses sur l’écran. Ça devrait faire des petits pavés de merde » – Encore une réponse de cette personne qui se reconnaitra; à ce stade je dois préciser que je discutais de ma flemme à écrire cet article.

Je ne sais pas bien si je dois le prendre personnellement. Sûrement. Il reste que c’est un bon conseil, probablement le plus fondamental. Dans la même veine:

  • changez de support. De même que l’on a une différente personnalité selon la langue que l’on utilise, on écrit très différemment à la main, avec les pieds, sur sa main,  à la machine, ou sur un ordinateur.
  • Adoptez des rituels bizarres, comme faire régulièrement des pauses pour inspirer oralement des métaux lourds et du goudron dans le but d’invoquer les muses. Parlez à voix haute (le point bonus pour finir comme Philip K.Dick). Pensez de préférence en marchant. Ces trois choses ont été testées et approuvées. Par un ami.
  • Ne balancez pas littéralement des bouses sur votre appareil, malheureux. Vous n’imaginez même pas comment ça sent et ne voulez aucunement le découvrir.
Figure 1: un combo substances addictives et déplacement dans l'espace

Figure 1: un combo substances addictives et déplacement dans l’espace. Ou bien une autre version de la Joconde.

La disparition, ou la contrainte créative

Vous êtes malgré tout devant une page blanche. Quel est le réflexe? Partir sur une idée.

Sans blague

Un temps, un lieu, un personnage, un style… Sont en fin de compte des restrictions, des contraintes. La contrainte créative est une solution immanquablement efficace. Si je vous demande, là, d’écrire, ou pire: me faire rire: vous la sentez la pression? Les possibilités sont infinies et il devient impossible de choisir. Mais si je vous demande la même avec comme thème un éléphant unijambiste? (là si vous répondez « mais c’est encore plus dur » je ne peux plus rien pour vous)

Go on, make my day

« Go on, make my day »

Plus la contrainte est importante, plus elle sera créative. Dans l’extrême, les représentants de l’OuLiPo se sont bien amusés: écrire un roman sans la lettre « e », par exemple. Ou vide de verbes. Sans chercher à immédiatement devenir fou, les idées d’écrire un roman en une seule phrase ou sans aucun dialogue direct sont déjà prises.

Je vais parler de mon cas, là, mais pour donner un exemple: on vous propose gentiment d’écrire sur les poules de Patagonie. Qu’à cela ne tienne, et quitte à tricher un peu, vous aboutissez à une idée étrange que vous n’auriez jamais eu au départ.

Une simple contrainte de temps, de lieu, de personnage, peut déjà suffire. c’est en devenant ouvertement un monomaniaque des bus que Paul Kirchner a dessiné un chef d’œuvre psychédélique. Si on vous pose des questions, expliquez que votre délire évoque avec une brutale absurdité la condition humaine. Ça marche avec tout ce qui est bizarre, élude la vérité (à savoir que vous vous esclaffiez comme un maniaque en produisant la Chose) et vous aurez l’air vachement intellectuel en soirée.

Catch 22 où comment le planning draft vous sauvera

Donc nous y voilà. Tout fier et fringuant que vous êtes, vous avez votre idée et produisez du kilomètre de signes. Et maintenant quoi? De l’organisation. D’accord quand vous lisez une saga ou un roman à suspense vous aimez bien vous faire surprendre au détour d’un chapitre. Mais si ça vous arrive en tant qu’auteur alors même que vous écrivez c’est que vous avez merdé.

Chacun a sa petite solution personnelle. L’ensemble n’a pas de nom officiel, le plus souvent un « planning draft » (chépa. On va dire une grille de planification? Allez). Le plus souvent écrite en pattes de mouches, raturée, présentée avec la chronologie dans l’axe vertical. L’axe horizontal rassemble, à votre convenance, la vie des personnages, l’intrigue, et caetera. Si vous êtes un plaisantin, vous pouvez partir de là, mélanger chaque case pour obtenir un roman non-chronologique mais alors du tout. Sinon le planning draft, associé à des quintaux de bordel documentaire vous aidera simplement à vous y retrouver. Et se revendra cher quand vous serez célèbre, donc pensez à en faire faire quelques centaines à la main à un sous-traitant de votre pays du tiers monde préféré. Ou à vos enfants.

Du planning draft de femmelette, nanmais. C'est raturé, ça parle d'un sorcier binoclard, et... Nan je suis juste jaloux en fait. Mais pas mal de monde doit avoir des à priori, vu que J.K Rowlings a pris un nom de plume qui fasse masculin afin d'être mieux considérée. Depuis la râclée mondiale qu'elle a mise, gageons que les mentalités changent

Du planning draft de femmelette, nanmais. C’est raturé, ça parle d’un sorcier binoclard, et… Non je suis juste jaloux en fait. Mais pas mal de monde doit avoir des à priori, vu que J.K Rowlings a pris un nom de plume qui fasse masculin afin d’être mieux considérée. Depuis la raclée mondiale qu’elle a mise, gageons que les mentalités changent

Alors que là excusez moi mais c'est propre et psychorigide, j'aime. On pourrait presque y faire des mots croisés. - Joseph Heller, brouillon de Catch 22

Alors que là excusez moi mais c’est propre et psychorigide, j’aime. On pourrait presque y faire des mots croisés. – Joseph Heller, brouillon de Catch 22

Game Of Thrones

Vous pensiez tout de même pas que j’allais mettre que de la littérature à Goncourt en titres? « L’élégance du Hérisson » non mais pardon quoi, achetez vous des titres. Non, je médis, celui là est inspiré. Où qu’on en est? Ah! Partir en total freestyle.

La matière est là, c’est organisé, vous pensiez écrire une trilogie finalement y en aura sept tomes et comme ça se vend peut être neuf. Game Of Thrones serait plus simple à vendre au kilo, si seulement l’auteur daignait bosser comme un chinois. Étrangement il refuse, et préfère profiter de la gloire tant qu’il est encore en vie. Comme c’est étrange. Well done, G.R.R. … Te laisse pas dicter ta loi.

Il est donc temps de ne plus répondre de rien et écrire n’importe quoi comme ça vient. Bravo. Quand écrire se met à passer avant manger, dormir, et bai… se baigner, laver, tout ça, c’est que le métier rentre.

Hells angels

Pour assaisonner le tout, mieux vaut soi même être un lecteur passionné. Lisez de tout, inspirez vous des plus grands et des plus cools, copiez abusivement leur style, même: c’est en forgeant qu’on devient forgeron, il faut toujours copier soigneusement le maitre avant de soi même devenir un artiste unique. « 1+1=3 » et tout ces trucs de hippies. Alors il faut vraiment arrêter cette haine du plagiat. Tout le monde plagie tout le monde, en tout cas je n’ai toujours vu personne naître avec un stock exogène d’idées venues de nulle part. Certes il y a le bon gros plagiaire, mais alors? C’est sa merde. Si être médiocre lui fait plaisir, vivez, dénoncez, puis laissez vivre (une tomate ou deux ça reste néanmoins permis).

Ce point est censé être compris depuis Warhol au moins. Depuis les mèmes, pour les retardataires: l’itération est une création. Et si les avocats déboulent, hurlez « vivà la révolucìon », l’Histoire est de votre côté. Brave martyr.

100 ans de solitude, parce que crisse ça prend du temps

Le dernier point. Écrire parce que vous êtes infoutu de faire autre chose n’est pas nécessairement une brillante idée. Ok ça marche pour la SF et la fantasy, et encore. Vous gagnez toujours à être un freaking linguiste pour aboutir au vrai chef d’œuvre au dessus du lot.

Tolkien heureux de sa guerre mondiale. Les geeks, même dans votre branche les vrais sont sorti de chez eux à un moment ou un autre.

Tolkien heureux de sa guerre mondiale. Les geeks, même dans votre branche les vrais sont sorti de chez eux à un moment ou un autre.

Pèle-mêle, profitez bien de votre vie active pour faire tout et n’importe quoi: devenir un Hells Angels et inventer le journalisme Gonzo dans la foulée tout en revendiquant le poste de sheriff d’une station de sports d’hiver, par exemple. Ça fournit toujours de la matière. Puis c’est marrant apparemment.

A défaut, vous pouvez aussi vous faire interner au Goulag, vivre intensément la révolution culturelle, kiffer la jungle, ou à l’inverse vivre dans le luxe et n’avoir rien de mieux à raconter que la vacuité de vos lamentables cuites (trop d’auteurs ou de futurs auteurs à citer, là. Puis pas envie de les citer sérieux. L’autofiction était déjà un truc du passé quand Beigbeder s’y est mis, ohé, coucou). Si vous faites ça, ayez au moins le bon goût de le faire avec du talent et du sens. On parle chef d’œuvres ici, pas téléréalité littéraire.

Donc

Si vous vous en sentez la casquette, il ne reste plus qu’à rester confiant. Il faut croire en son swagg pour en avoir (obviously), n’écoutez pas les haters, persistez. En 2008 ils ont bien tenté la tektonik, ça n’a pas pris parce que le monde n’était pas prêt, c’est tout. Ne refaites pas cette erreur. Suivez Nabilla. Courage.

Bien. Et maintenant le paragraphe de cette conclusion destiné aux personnes au delà de 50 de Q.I. Eh bien figurez vous que bizarrement c »est le même (mouhahahaha) vous n’avez simplement pas les mêmes références culturelles. Faut croire que l’intelligence et la volonté doivent être gravement décorrélées, vu que je vais vous dire pareil:

Si vous vous en sentez la plume, il ne reste plus qu’à persévérer. Il faut croire en ses capacités pour leur permettre d’éclore pleinement. Voguez insensible aux écueils, vous êtes le capitaine de votre âme. Amélie Nothomb tente bien d’écrire, simplement le monde n’est pas prêt, c’est tout. Tel un nain sur des épaules de géants, progressez vers les cimes encore un peu plus.

Now go, motherfucker. You’re awesome.

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